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c bien fée pour vous
31 octobre 2011

Le pull Glukegluk

Bon sans me lancer dans la description (fort longue) de mon tortueux arbre généalogique, disons pour simplifier que mes parents, ceux qui m’ont élevé, ont largement l’âge d’être mes grands-parents.

6f2ca1066efcb41c_feminist-housewife_previewDe ce faire, j’ai reçu une éducation qu’on peut qualifier au choix de désuète, ancestrale, ou encore improbable.

Soit.

Par exemple, je suis absolument incollable sur des chansons dont les auteurs sont morts avant que je naisse (et leurs enfants aussi), je n’ai jamais dit un gros mot en la présence de mes parents (même pas celui que l’on camoufle sous mer-credi !) et j’ai eu l’insigne l’honneur d’être initiée aux arts ménagers de toute sorte afin de devenir « épousable » et être capable de tenir une maison. Ce que ma femme de ménage démentirait évidemment avec force (et preuves)

Bref ! Même si je ne m’y adonne pas le cœur léger en sifflotant comme cette cruchasse de Blanche Neige,  le nettoyage de printemps (et d’automne aussi tant qu’on y est !) n’a plus de secret pour moi (oui, oui, celui où on sort la brosse à dent pour récurer les joints des carreaux). De même que le reprisage (si si avec l’œuf et tout), la broderie, la couture, la cuisine, la lessive, le repassage et le tricot.

Je n’excelle évidemment pas dans tous les domaines (j’en laisse même pas mal aux autres) et j’ai bien sûr laissé tomber le reprisage le jour où j‘ai constaté :

 1 – que le fil à repriser coutait plus cher que les chaussettes en elles-mêmes

2 - qu’avec mini Loulou à bord, il valait mieux investir dans la côte de maille que dans le coton.

En couture, je me débrouille. Je ne suis pas Karl Lagerfeld mais je sais recoudre un bouton et faire un ourlet. Ce qui m’évite déjà soit de perdre mon pantalon, soit de marcher dessus. En cuisine, excepté un avant-gardiste et inattendu hachis parmentier aux petits pois, je ne rougis pas devant ma gazinière.

Et puis, je ne sais par quel miracle, le tricot est devenu « tendance ». Fini le truc de vieilles reliques devant leur « pisse-mémé », c’est l’accessoire fashion, et tout et tout, au point que toutes les stars essaient de se faire choper par les paparazzis avec leurs aiguilles en strass…

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Donc maintenant plus aucune honte à avouer qu’on tricote voire qu’on aime ça.

Sauf que pour moi, entre nous, c’est juste un peu plus. C’est de la méditation productive. Je m’explique :  certains méditent en regardant des papillons voler, d’autres des bougies (si si c écrit dans le manuel du zen pour les nuls) d’autres en écoutant des musiques relaxantes à la flute de pan chilienne.

Moi c’est en touchant la laine, en écoutant le cliquetis des aiguilles et en faisant danser mes phalanges que je pose mon esprit. C’est comme ça. Pas de kimono orange, pas de position de yogi, une écharpe, une torsade et je fais le plein de zenitude.

Bref !

Enfin,  quand je dis « plus aucune honte » c’était avant mon épisode « pull glukegluk ». Avant mon drame donc

Je ne sais pas ce qu’il m’a réellement pris. Sur le modèle, ça avait l’air d’un pull plutôt cool, un peu large pour masquer les bourrelets, léger, un peu transparent bref… ça faisait un peu années 70, style jean birkin sur un jean bien ajusté. Même avec quelques menues rondeurs, ça pouvait aller vers le sexy.

Sauf que :

-          Je ne suis pas jane birkin. Ni de près ni de très loin.

-          Le pull évasé taille L tendance XL c’est une mongilfière. Ni plus ni moins. On décolle.

Au final, ben j’avais déjà un doute subtil quand j’ai terminé le dos.

Mais vu que je suis totalement dénuée de vision dans l’espace, j’ai fait confiance au patron et j’ai continué comme un brave petit soldat de la maille. Ou comme une  grenouille qui se laisse ébouillantée tout doucement… je n’ai réagi qu’ à la fin de la dernière manche. A ce stade-là, c’est du déni absolu de justesse. Moi qui ai une longueur de bras qui ferait rêver un singe, quand j’ai enfilé ma manche,  je ne trouvais plus mes doigts.

Comme il me restait encore à l’assembler, et que dans le tricot, c’est quand même pas la partie qui me fait le plus vibrer, j’ai préféré demander l’avis objectif des mes proches, à savoir Fifille et mon officiel.

Hélas, hélas, hélas

Mon ego, sérieusement réduit depuis,  s’en mord encore les doigts justement (ceux que je ne retrouvais plus)

Fifille avait à peine fini de l’enfiler, que son père explosait littéralement de rire… et elle aussi en voyant son reflet dans la fenêtre.

« - ah ben maman ça tombe bien, nous non plus on avait rien pour sortir les poubelles » (référence délicate au film « Le père Noel est une ordure » et à son fameux pull serpillère)

Et comme si ça ne suffisait pas, entre deux tranches de rigolade, elle a réussi à ajouter :

« - M’enfin maman tu n’es pas un triangle quand même ! »

pullglukegluk

Merci. Tant de soutien et de tact, ça me touche.

S’en ai suivi une séance de rires, de hoquets, de spasmes divers durant une dizaine de minutes avec un grizzly qui demandait grâce suite aux crampes abdominales qui se déclenchaient dès que Fifille soulevait un bras, se cherchait à l’intérieur etc.

Bref, comme me l’a dit ma chère enfant, « merci maman pour cette séance d’abdo ». Et sans plaisanter (cette fois), mon cher et tendre a même eu des courbatures le lendemain. Mais ça à la limite, c’est bien fait !

En plus, la laine toute doudouce avec des poils partout c’est juste indétricotable. Donc je suis restée avec mon échec sur les genoux et le pull « à sortir la poubelle » a terminé dans la benne, avec mon amour-propre.

Depuis,  je suis mortifiée.

Mortifiée et traumatisée. Réellement traumatisée. Au point que je n’ose plus tricoter autre chose qu’une écharpe. Comme à mes débuts. Quant je faisais des trous et des patates grosses comme le poing au milieu du point mousse.

imagesCAEDYVUHAprès je me tricoterai une cagoule. Pour me cacher dedans

PS : Ceci dit, Je reste admirative de ces centaines de femmes que je découvre  sur la toile au hasard de mes errances sur le net… et qui me laissent sans voix (ou avec une tonne de jurons)…Un petit clin d'oeil à certaines fées de l’ombre donc une que je connais bien, et qui de ses doigts magiques, offre à certaines élues, la robe de leur vie.

 

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Commentaires
M
Etant familière des bérets qui tombent sur le nez, des pulls étriqués aux manches trop longues et autres joyeusetés de tricoteuse pour poubelles, je compatis... ;-)
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c bien fée pour vous
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