Quand tout fout le camp
Il y a les articles pour "de rire" ( et croyez moi que nombre d’entre eux galopent en rond dans ma tête comme des gamins à la récré) et puis il y a les autres, plus courts, ceux qu’on n’a pas envie de délayer.
Pour parler de ce que peut être la maladie d’un être proche, de voir la déchéance avancer pas à pas, de voir les souvenirs s’envoler et cette personne tant connue devenir cet autre qu’on ne reconnait pas toujours et qui, de son côté ne vous reconnait pas davantage…
D’essayer de rire de ses confusions, de ses délires, de sa manie de chanter à tue tête toute la journée comme un guerrier indien, parce qu’il n’y a rien d’autre à en faire, on rit plutôt que d’en pleurer.
On regarde aussi la grand-mère de ses enfants peu à peu s’épuiser, se vider de ses forces en essayant de le garder, encore un peu avec elle, juste un peu… passer outre les détails un peu scabreux, continuer à faire face, contre vents et marées, contre absences et diarrhées, parce que le placer non ce n’est pas possible. Essayer d’effacer l’étouffante culpabilité qui l’assaille quand elle comprend qu’il faudra renoncer, parce qu’on ne pas perdre les deux, parce qu’elle a tout essayé et même plus. Et que ce ne sera pas suffisant.
Partager avec sa sœur les détails de l’organisation à venir, les tracas administratifs, l’impuissance globale. Oser se dire en se traitant « d’affreuses » qu’on préfèrerait que ça ne dure pas, pour lui si fier en son temps, pour elle qui ne tient plus qu’à un fil…
Et de se demander enfin, si soi-même, on a réellement été à la hauteur, embarqué dans notre propre vie, noyé dans notre propre horizon.
Et essayer d’oublier jusqu’au lendemain matin.