Je l'ai déjà dit, je déteste l'automne. E t avec ce vent froid d'automne, que je déteste tout aussi cordialement, m'est revenu tout au long de la journée, le gout amer-sucré de la nostalgie de mes jeunes années.

Non, elles n'étaient pas toutes roses, loin de là. Une éducation d'un autre âge, des parents pétris d'une mission trop lourde pour eux, désireux de faire de nous des modèles de petites filles sages pour prouver à tous qu'ils avaient réussi, oui madame ! L'une en bleu, l'autre en rose- l'une parfaite petit ange blond et clair, l'autre brunâtre, petit diable aux mèches rebelles que même la coupe de Mireille Matthieu n'a pu dompter.

Mes poupées qui avaient toujours l'air d'avoir survécu à un crash aérien (que ma sœur s'escrimait à rendre présentables) pendant que ma Barbie en robe de mariée vivait des aventures de James bond girl avec salto arrière et coup de tête balayette dans la tronche de Ken.

Les cours de plongeon au bord du lit (qui n'a pas tenu très longtemps, pardon les parents, il n'est jamais tombé tout seul^^), la chambre exigüe qu'un rideau seulement séparait de nos parents, ma courgeasse de frangine me terrifiant en pouffant comme une nouille alors que je me planquais sous mes couvertures, terrorisée par la voix caverneuse de cet abruti d'exorciste qui résonnait dans le minuscule F2

Les photos d'adolescence ou comment notre corps se modifiait comme dans un cartoon. Un jour vous ressembliez à une poupée russe, toute en rondeur et bonhommie, le lendemain vous ressembliez à un haricot vert mal proportionné avec des bras qui descendaient jusqu'aux rotules.

Les premiers amours souvent non partagés, les appareils dentaires, (est-ce qu'on peut embrasser avec un barbelé sur les incisives?) les boums, les murs que l'on tenait alors que les copines dansaient des slows langoureux les yeux fermés. La solitude de celle qu'on invite pas. la sourire figé de celle qui veut garder la face. Non, ça ne me fait rien. J'aime pas danser et je déteste cette chanson (non, inviiiite moi s'il te plaiiiit, pitié! Même un moche, je prends tout)

Parfois la lucidité, l'éveil au milieu de tout ça, de savoir que ça ne durera pas, qu'on approche de la fin de cette période tellement unique et tumultueuse. Un peu la trouille d'accord mais les pieds qui démangent d'aller voir ailleurs, de vivre autre chose, d'être libre de vivre sa vie.

Le premier baiser, entre l'émotion et la concentration, 2 tours à gauche, 3 tours à droite, pas facile de compter quand on a les jambes qui tremblent. Mais est-ce qu'il va lâcher prise pour que je reprenne mon souffle avant que je ne m'évanouisse???

J'débute moi, je suis pas Jacques Mayol !!

Les boutons qu'on voit se dessiner en voie d'acné sur le visage des autres, avec un petit sourire narquois aux lèvres, jusqu'au jour où apparait, triomphal et d'un beau rouge éclatant, notre phare d'Alexandrie en plein milieu du nez….

Ces rythmes hallucinants qui nous emballaient le corps et nous faisait vibrer de l'intérieur (et pas de quoi avoir honte, hein ! Mes enfants écoutent NOS chansons, les années 80 ça reste culte). Ces effets sonores tellement réussis de claquement de doigt, de clap des mains, d'orage au loin, et l'ère du synthétiseur. Avec des paroles tout aussi bouleversantes… Merci à Stéphanie de Monaco, Tenue de soirée, j'en ai connu des crises de rire en fredonnant leurs paroles … enfin aujourd'hui… ben oui, parce qu'avant, je faisais comme le troupeau et je bêlais en cœur .

Nos fringues improbables, les couleurs, les motifs écossais, les pois, les petites fleurs, les épaulettes de footableur américain… que je revois avec un frisson d'angoisse et pas mal d'incrédulité sur les mannequins so fashion de Camaïeu

Nos coiffures un peu expérimentales, loin des gels super coiffants, des franges effilées, et des coupes structurées. Plutôt un joyeux fouillis bouffant et ebourriffé.

Nos amitiés si solides qu'elles semblaient pouvoir traverser des siècles. Combien ont survécu à l'âge adulte? combien ont eu la chance comme moi de voir mûrir ce que nous avions alors semé?

Nos fous-rires, nos drames intérieurs, nos larmes, nos disputes, nos bêtises en cours d'éco, nos coudes serrés face à l'adversité, face aux coups durs, face à ce qu'on aurait pas du vivre. Les discussions sur le sexe alors qu'on en ignorait absolument tout. Qu'on imaginait, extrapolait en rentrant du lycée. Ça a quelle taille ? Ça fait quoi?

Notre pudeur d'adolescentes d'avant, qui ne s'expriment finalement qu'à l'âge adulte, où on sait finalement ce que signifie: "je suis ton amie, je t'aime et je suis là pour toi". Cette timidité qui nous poussait aussi à prouver par les actes ce que nous ressentions sans honte.

Et déjà cette envie, ce besoin de m'échapper dans les mots, de construire un monde à moi, plein de drames, de magie, de tristesse, de noirceur, pour me vider l'âme de ce qui aurait pu , qui sait?'étouffer peu à peu. Mes conneries sur feuilles à grands carreaux, ma façon d'exister dès le départ. Avec ou sans talent, ce n'est pas la question finalement. On ne nous demande pas de marcher avec talent, juste d'avancer.

Le "premier". Celui qui vous reste dans la peau définitivement. Cette première fois. Celle-là uniquement.

Et vous savez quoi? J'ai commencé cette note, avec une sorte de blues lancinant, une nostalgie légère mais persistante et je termine mon texte avec le cœur au chaud, l'esprit au repos et la certitude que demain il fera soleil.

Et pour la peine, je vous livre mes petits secrets:

Note écrite en écoutant : Géant de papier, Du soleil dans la nuit, Flash, I am what I am, Selaed with a kiss, Tu es mon autre, Miserere, Surrender to me, I like Choppin, les brunes comptent pas pour des prunes, ... J'ASSUME !!!!!

Flash Back

Partager cet article