Nous avons un chouette projet Fifille et moi. Londoniennes nous serons ce printemps ou cet été. Et pour ne pas être en reste, Mini Loulou lui part en Italie avec le collège...

Mais pour cela, il faut être en règle et donc avoir des papiers d’identité encore en date de validité…

Laissez-moi donc vous conter mon épopée administrative

1^ère difficulté : trouver un créneau compatible avec la mairie de notre bourgade, le boulot, le lycée et le collège. Pas facile mais on y arrive

Ensuite, un timing digne d’une opération militaire :

12 :10 ravitaillement express, check list (3 justificatifs, ce satané livret de famille que j’ai bien mis 2 heures à retrouver au milieu des brouillons et des vieilleries)

12 :30 : récupération de l’aiglon dans le canapé

12 :45 : récupération de ma lycéenne au grand sourire

13 :00 : avancée dans les dédales et prise de contact avec notre premier spécimen gratte brouillon

13 :25 : fin de l’opération et dispersion des troupes

Ça c’était encore la théorie du plan sans accrocs.

Mouais et re-mouais

Première faille dans mon plan : avoir oublier les règles élémentaires de politesse adolescente : ami lecteur, ne fais jamais mon erreur. N’essaie jamais de mettre une adode 15 ans à l’arrière. C’est, je cite : « trop la honte, Maman. quand tu viens me chercher au lycéen évite de laisser le microbe (traduction : mon adorable frangin) à l’avant. C’est l’affiche là ! »

J’ai quand même vérifié qu’il ne m’était pas poussé une casquette de chauffeur sur le haut du crâne avant de pousser une hurlante à faire vibrer les vitres de la voiture et qui pourrait se résumer à « pose ton séant et mets ta grande langue au repos ».

J’ai quand même du mal à identifier les deux clodos ivres morts qui traînaient sur la placette comme des membres imminents du lycée, capables de ruiner la réputation de fifille en répandant l’effroyable révélation du siège arrièrede la voiture.

Bref, arrivés à la mairie, j’avais déjà mangé la moitié du volant et j’écumais de rage.

Et là, instant de grâce, personne devant nous. Juste un employé grisonnant avec un drôle de sourire aux lèvres

« - bonjour, vous venez pour des cartes d’identité ? vous avez le formulaire B16 –V86 ?

- Hein ?

- Je vous demandais si vous aviez tous les justificatifs ?

- Bien sûr ! je claironne comme une naïve que je suis en extirpant tous mes précieux documents.

- Ah oui mais non ma petite dame ! il nous faut une copie intégrale de l’acte de naissance de vos enfants. Histoire de bien vérifier qu’ils sont à vous… plaisante mon employé déjà préféré

(Non mais là, je vous le demande ! de qui se moque-t-on ?? Et bon dieu pour quelle raison une personne saine d’esprit s’affublerait volontairement de deux ados bougons si ce n’est pas les siens !!!)

« - Donc en gros, j’ai fait tout ça pour rien ???

- Non on peut s’occuper de la votre ! me répond-il tout guilleret

Ben ouais, c’est logique, ça doit être moi qui part en voyage scolaire le mois prochain, logique je vous dis.

- Alors, date de naissance de votre père… ?

- Hum …sais pas…

Alors non, je n’y mets pas de mauvaise foi. Je suis nulle dans les dates. Regard indigné de mon interlocuteur qui commence à perdre sa bonne humeur. tant mieux! la mienne c'est déjà de l'histoire ancienne

- Vous pouvez pas l’appeler ?

- Oh ça va être difficile

(Là mon administratif est à deux doigts de l’apoplexie. Je décide de l’achever. )

- C'est-à-dire qu’il est mort il y a 34 ans bientôt. Je pense que je vais avoir du mal à avoir la ligne…

Ok. C’est petit. Mais bon, je ne suis plus moi-même je pense ou alors, je le suis davantage. Au final, j’ai le droit à un appel, et je téléphone à ma mère.

L’interrogatoire continue :

- Lieu de naissance de votre mère ?

Et là j’avoue, bien malgré moi, un petit sourire sadique s’est dessiné sur mes lèvres. Tout juste si j’ai pas senti les cornes et la queue fourchue me pousser sur la tête et le c…

- Flers en Escrebieux !

Cette fois, j’ai vu clairement mon adversaire pâlir.

Vas-y, petit malin au stylo bic, fais donc rentrer ça dans tes cases étriquées !

Quelques minutes plus tard, tout est fini. Mes illusions aussi par la même occasion

« à la prochaine fois! » me lance dans une ultime attaque mon nouveau meilleur ami

et là, si mes yeux avaient été des armes, Kill Bill serait devenu un remake de Candy au pays des sucreries.

Retour à la maison dans un silence de plomb. Oui je suis amère, légèrement. Carrément. Dans un état second je tends à fifille son sandwich au saumon fumé payé un bras dans le "casse ta croûte" juste à côté de mon bureau.

Elle regarde d’un air blasé mon sac comme si je lui avais tendu une crotte de chien empaquetée avant de me le rendre du bout des doigts

« ben, tu sais bien que je n’aime pas les sandwichs (argh je vais l’étrangler) et puisqu’on a fini plus tôt (vas y mets du sel sur la plaie), je préfère me faire à manger tranquillement.

Je ne rêve pas, elle me regarde bien de haut miss Chichis ! Sauf que je connais des choses qu’elle ignore.

- Tu es sûre ? pas de regret?

Petit geste de la main princière.

« - non, vas-y » (limite "boulotte mes restes manant")

ok ! Retour au bureau. En un seul coup d'oeil, mes collègues évaluent mon état et s'éclipsent comme par magie.

S'ils étaient restés , ils auraient pu constaté que c'est bien avec sourire aux lèvres que j'extirpe mon repas du sac en papier et notamment le muffin tout chocolat super bon qui reposait tout au fond. Car j’ose le dire ici Fifille, je t’avais bien acheté un muffin au chocolat super bon. Et si la vengeance est un plat qui se mange froid, eh bien…. le muffin fait très bien l’affaire !!

Epilogue 1: croyant dur comme fer que oui, on peut faire des démarches administratives par internet, je supplie le service concerné de m'envoyer des copies d'actes etc etc.

10 jours plus tard (faut bien tout ça quand même): réponse automatique m'indiquant qu'une fois de plus, c'est, excusez moi l'expression, in the popotin la balayette et que ma demande est refusée. Cependant, on m'indique que : "vous recevrez bientôt un courrier vous expliquant pourquoi vous avez encore ratez cette étape". Parce que ça t’arracherait de me le révéler maintenant ton incroyable secret ??!!!

6 jours plus tard, parce que je vis bien au fin fond de la jungle amazonienne, je reçois enfin ma réponse complète : "chère Murmur, vous avez essayé très vainement de faire une demande auprès de nos services. Néanmoins, vous n'avez pas mentionner qui faisait cette demande". Non mais à qui tu t’adresses à ton avis bougre de crétin de courrier type absurde? !!

Je crois que j’ai également dévoré le courrier. (je mange n’importe quoi ces derniers temps)

Epilogue 2 : finalement, j’ai fait une demande par courrier classique Et internet. Les deux reçus le même jour. Pour enfin aller à la mairie triomphante. Et m’entendre dire que les délais étaient désormais passés à 44 jours, que mon dossier ne partirait que dans 4 (là je sais pas, la boite aux lettres est trop loin, c’est contraire à l’éthique d’envoyer un courrier le mercredi plutôt que le lundi, le préposé au courrier à envoyer est en vacances, là je sèche).

Résultat, ma prochaine aventure devrait s’appeler : Murmur au pays de la paperasse – la Revanche du passeport.

Papiers s’il vous plait !

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