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c bien fée pour vous
5 juillet 2019

Dialogue avec mon psy - épisode 7

Il est dehors, pieds nus sur une terrasse en bois ; des éoliennes en métal tournent doucement dans la brise émettant des sons de hang drum (les couscoussières zen).  Chemise en lin, jean sur la taille, barbe de 3 jours (qui ne pique toujours pas), il est là mon psy à moi.

Il me tourne le dos. Ça fait tellement longtemps, en même temps j’ai l’impression que rien n’a changé, alors que rien n’est pareil. Je rentre chez moi, c’est ça l’impression qui me tenaille, j’ai la sensation de rentrer chez moi.

Je viens blottir la main dans la sienne, sans autre intention exceptionnellement, parce que mon cœur est en charpie, lacéré, brisé en mille et un morceaux éparpillés aux 4 coins de mon âme.

Il lève alors son bras pour que je vienne contre lui, que j’entende son cœur à lui battre sereinement, ce rythme qui essaie de donner l’élan au mien, pour qu’il recommence à tambouriner comme un passereau sous extasy de me savoir si près de lui .

Sunset-landscapes-nature-wheat-fields-dusk_1920x1080

Nous restons quelques minutes à contempler en silence, les vagues du vent dans les blés, les dessins aléatoires des passereaux et moi les abdos de mon psy que j’entraperçois entre 2 boutons ( c’est tout aussi rassérénant que le reste croyez moi)

Puis, avec douceur, mon psy de folie nous rapproche des fauteuils de la terrasse. Il fait doux, le crépuscule se fait sentir, aucun moustique, aucun moucheron, aucun papillon de nuit en embuscade, des guirlandes solaires prennent des couleurs à mesure que le jour s’éteint

-          Vous voulez en parler ? commence-t-il dans un murmure grave 

Avant que j’aie pu émettre un son, deux grosses larmes s’écrasent sur mes genoux

-          Je ne sais pas quoi dire. Elle est partie. On a encore du mal à le réaliser ma sœur et moi tant on a l’impression qu’elle a fait en sorte que ce soit petit à petit, Alzheimer, la première opération de la hanche, la seconde et dernière, comme si elle nous quittait peu à peu. Mais au final, on n’était pas si prêtes que ça ….

Mon psy sourit tendrement avant de se redresser :

-          Vous avez une sœur ?

-          Ouh la ! oui et vous lui plairiez certainement énormément (il se rengorge). C’est pour ça que je ne vous la présenterai pas (psy qui se dégongle comme un soufflé. Note de l’auteur un peu traitre sur les bords : dsl sister !!)

Puis un coup de vent ramène sur moi les nuages sombres

" - Il n’y a rien expliquer. Elle a laissé en nous un gouffre énorme, béant, qu’il faut remplir maintenant. Tant de place, tant de vide, tellement de temps sans elle désormais. et toujours cette même question : est-ce qu’on aime suffisamment ? Est-ce qu’on le dit assez ? Est qu’on a donné  « assez » ?

-          Vous pensez qu’elle s’est sentie aimée ?

-          Oui, je souffle

-          Avez-vous manqué d’amour ?

-          Non, je soupire

-          Alors tout est dit.

-          Peut-être …

-          Comment vous gérez tout ça ?

-          En serrant les mâchoires ? je réponds dans un demi-sourire (mâchoires crispées obligent). Je dispose d’un temps supplémentaire dont je n’ai pas voulu, moi qui me plains sans cesse de manquer de temps libre. Je n’ai pas envie de remplir cet espace de temps si précieux avec du rien, du quotidien, du ménage, du banal, de la routine. Je lutte chaque jour contre un mental qui me harcèle avec des « il faut trouver un sens à tout ça »

terrasse-zen-en-bois-avec-eclairage-spotJe reprends ma respiration :

-          Mon mental est un bâtard.

-          Qu’est-ce que vous voudriez changer ?

-          J’ai 4 h? bon, ok, j’en ai marre de vivre les mêmes journées, de recommencer chaque matin en cherchant encore le beau, le bon, le bien. Je veux me sentir vivante, vibrante, intéressante.

-          Comme je vous vois ?

-          Exactement comme ça… avec une pointe de désir fou ce serait parfait."

 Son œil s’allume.

"J’ai rien dit ! je ne veux plus être « la femme de » (je rêve ou il a applaudi?!), revoir mes collègues (que j’adore pourtant) et  jouer avec eux ce simulacre de relation parce que je reste la femme du patron, donc je ne pourrais rien lâcher et qu’ils ne pourront rien me donner. D’être celle qui apaise alors que je bouillonne à l’intérieur parce que c’est ce qu’on attend de moi et que ça je sais le faire, je ne prends aucun risque. Savoir que je vais rentrer chez moi, m’occuper l’esprit et les mains comme je pourrais en attendant que la journée meure pour en démarrer une autre identique.

-          Hum ... un vrai tourbillon de joie rétorque-t-il d’un air taquin. Et mister bidule dans tout ça ?"

Le running gag du psy. Et ça le fait rire évidemment. Comme à chaque fois

" -        Il fait de son mieux. Mais ce dont j’ai besoin, il ne peut me l’apporter

-          Moi je p…

-          Non même pas vous. Je ne peux lui en vouloir. Il fait ce qu’il peut à son échelle. Mais ce n’est pas à lui de combler tout ce vide, c’est à moi.

-          Alors, de quoi avez-vous besoin ?

-          De frissons, d’énergie nouvelle, qu’on me rencontre, qu’on me découvre, non que je me découvre. Qui je suis réellement. Et l’être vraiment, simplement. Je ne suis pas déprimée. Je ne suis pas en pleine dépression. Je dispose actuellement d’une énergie que je peine à épuiser. Je n’ai pas envie d’être raisonnable et sage. Je me suis conformée jusqu’à maintenant à tout ce qu’on attendait de moi. J’ai envie de voir ce que ça donnerait si je laissais là ma peau de sainte.

-          En gros, vous vous faites une crise existentielle en stage intensif…

-          Vous savez récemment, j’ai fait plus de massages que d’habitude. J’ai rencontré des gens qui ont cherché ma compagnie, m’ont complimenté sur mon attention, mon toucher, ma bienveillance ; il y en a même un,  qui m’a dit plein de jolies choses sur moi, sur ma douceur, mon regard etc.

Un léger froncement de sourcil

-          Et c’est qui ? et pourquoi ? il voulait quoi ?

Je ris un peu. Il est mignon quand il joue les jaloux. Je le rassure

-          Je sais que cette personne a dit ça dans l’instant, dans le mood comme disent les jeunes, qu’il le dit probablement à toutes les masseuses qu’il croise. Mais d’un autre côté, j’en ai marre de me dire tout cela. Parce que j’ai envie de croire à ces choses, j’ai envie de les entendre, qu’on me trouve différente de ce que je suis « normalement » et « moralement ». Parce que ça pourrait être vrai aussi non ?

-          Je plussoie ! Assurément !! affirme –t-il en hochant vigoureusement la tête comme un gosse.

-        Je dois revivre, faire quelque chose de cette hyperactivité. Parce que j’ai peur que si je n’en fais rien, ça finisse par s’effondrer comme un soufflé et qu’après il ne reste que mon enveloppe froide et raplapla

-          Je doute que vous ne soyez jamais plate et …

C’est à mon tour de froncer les sourcils

« - j’ai besoin de vivre des choses en dehors de mon cercle même si je les adore.

-          Un plan de bataille ?

-          Mon amie de toujours est en train de me l’établir … et puis j’ai repris mes stylos et mon clavier, c’est déjà un premier pas "

Il m’aide à me relever et me serre contre lui. Je respire son odeur. Je suis vraiment chez moi dans ses bras.

Mes mains semblent vouloir descendre peu à peu. Je souris. Le passereau revient. Je crois que je suis sur la voie de la guérison.

 

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Commentaires
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Et moi je ne vois ce message qu'aujourd'hui...<br /> <br /> "une crise existentielle en stage intensif", je fais pareil actuellement... j'espère que tout va bien désormais pour toi...
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